125 ans de présence

Certains lieux ont une âme…

Le Garde-Manger de François – la boulangerie artisanale du Vieux-Chambly – est installé dans une maison ancestrale qui a toujours abrité une boulangerie.


Entre 1850 et 1965, Chambly est divisée en deux petites municipalités : Chambly-Canton et Chambly-Bassin. À cette époque, après l’église, la boulangerie est le cœur du village. Tôt le matin, une voiture tirée par un cheval part livrer le pain tandis que le voisinage s’approvisionne directement à la boutique. Les samedis, en fin de journée, les ménagères apportent leur plat de « bines » à déposer dans le four encore chaud. Les fèves au lard cuites à point seront récupérées le lendemain, au retour de la messe.

Une première boulangerie

La première mention d’une boulangerie à cet endroit remonte à 1896. Pour la somme de 850 piastres, François Côté, boulanger, fait l’acquisition de l’emplacement où se trouve déjà une maison avec les dépendances habituelles : grange-étable, hangar, remise. C’est lui qui fait construire la boulangerie.

Par la suite se succédera une série de boulangers, comme l’indiquent les diverses transactions. Signe des temps : une automobile Ford fera partie de la vente entre Anne Langlois et Pierre Ravenelle, en plus des habituelles voitures tirées par des chevaux et du roulant de la boulangerie. C’était en 1929.

               Les années 1930 sont des années de crise économique. Chambly-Canton est un quartier ouvrier composé de petites gens qui se battent pour survivre. Les temps sont durs et la famille Ravenelle n’échappe pas aux poursuites de ses créanciers. Finalement, en 1947, Gabriel Chabot et Lina Cloutier rachètent la boulangerie. Le climat économique est meilleur. Serait-ce la fin d’une dure époque ?

La Boulangerie Durand, d’heureuses mémoires

Le 19 septembre 1950, Joseph Durand et Auréa Demers, de Montréal, souhaitent assurer l’avenir de leurs onze enfants en achetant la Boulangerie Chabot. Louis, leur fils aîné, a appris le métier de boulanger. Il est déjà marié et achète conjointement avec son père.

              La transaction de 17 500 $ mentionne : maison, circonstance et dépendances, comprenant la boulangerie. Joint à la vente la clientèle et l’achalandage du commerce, un camion Chevrolet d’une demie tonne, et tous les accessoires du dit commerce, les voitures de livraison d’été et d’hiver, ainsi qu’un cheval, un attelage double et deux attelages simples.

               Tandis que la famille de Joseph et Auréa s’installe dans la maison, Louis et sa femme Solange occupent un logement au-dessus de l’épicerie Bisaillon, située juste en face de la boulangerie. Joseph décède en 1954 : Louis devient le seul propriétaire. Pendant les 25 années qui suivront, avec l’aide de ses frères et sœurs, Louis Durand fera de la boulangerie une entreprise familiale prospère où chaque membre de la famille pourra « mettre la main à la pâte ». La boulangerie artisanale deviendra une véritable petite manufacture à pain.

Une fournée comprend jusqu’à 320 pains, à raison de 3 fournées par jour, et parfois 4, les samedis. La production hebdomadaire de pains nécessite 100 poches de farine de marque Ogilvie. La boulangerie produit diverses sortes de pains : pain à l’eau, pain au lait, pain aux raisins. Le pain croûté devient le produit vedette de la Boulangerie Durand !

Normand Durand, l’un des aînés, qui toute sa vie sera « distributeur de pains », raconte :

               « On allait jusqu’à la rue Larivière. Après, il n’y avait plus rien. Mon cheval s’appelait Le Blond. Il connaissait la route par cœur, il savait devant quelle porte s’arrêter. Je le perdais, parfois, mais je savais où le retrouver : chez les clientes qui lui donnaient du sucre! »

Bientôt, il est remplacé par une camionnette et la Boulangerie Durand agrandit son territoire pour desservir Richelieu, Saint-Mathias, Marieville, Saint-Basile-le-Grand, Saint-Bruno-de-Montarville.

François Pellerin

François Pellerin est le digne fils d’un commerçant. Se distinguer, faire plaisir aux gens, telle est sa mission de « pèlerin », dit-il en riant.

À la fois cuisinier, restaurateur et chef, il a créé un menu inédit alliant bière artisanale et fine cuisine du terroir pour le restaurant Fourquet Fourchette. En 2007, il est élu Chef de l’année par la Société des chefs, cuisiniers et pâtissiers du Québec.

Après une longue carrière en restauration, François Pellerin fait un retour aux sources et se lance dans la fabrication de pain artisanal de tradition française. Dans un souci d’authenticité, il installe sa boulangerie dans une maison ancestrale : l’ancienne Boulangerie Durand. Il s’adjoint également le maître boulanger français Thierry Goupil qui confectionne ses pains à partir de farines de spécialité élaborées à partir d’assemblage de blés exceptionnels.

En 2014, Thierry Goupil remportait le titre de « meilleure baguette bio ».

Le Garde-Manger offre également des croissants réputés, viennoiseries et pâtisseries, ainsi que des mets cuisinés à partir des recettes de François Pellerin.

Plus d’histoire dans la brochure «Certains lieux ont une âme» et dans le reportage réalisé par la Société d’histoire de Chambly dans l’épisode #103 de la série «Sous les toits de la Seigneurie de Chambly»